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LA DÉFENSE DE Messifré PAR
LE 4/1REC, LE 17 SEPTEMBRE 1925
Le 15 aout 1925, le Capitaine LANDRIAU, commandant
le 4/1REC part pour le Levant ou la situation est devenue critique. L'escadron
participe à la défense de Messifré contre une attaque des Druzes. Voiçi
le déroulement de cet événement.
Le 14 septembre 1925, une base auxilliaire est installée à Messifré,
où doivent venir se concentrer les différents éléments de la colonne et
où sont réunis des approvisionnements,en particulier de l'eau, rare en
cette saison en pays druze.
La garde de cette base est confiée à la Légion.La composition de la garnison
est la suivante :
- Quatrième Escadron du Premier Régiment Etranger de Cavalerie :
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Capitaine LANDRIAU |
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Lieutenants ROBERT, CASTAING,
de MÉDRANO, DUPETIT |
- Cinquième Bataillon du Quatrième Régiment
Etranger :
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Chef de Bataillon KRATZERT |
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18 compagnie : Capitaine
GROBOZ, Lieutenant AVEAUX |
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19 Compagnie : Capitaine
MASSIS, Lieutenants PROSLIER et DÉSAMET |
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29 Compagnie:Lieutenants
VERNON et BOISSIER |
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C.M.5:Capitaine BRIN,Lieutenant
LACOUR |
Messifré est un gros village du Hauran,
d'une population d'environ un millier d'habitants. Construit sur un tell,
il domine légèrement ses abords immédiats. Il a l'aspect de toutes les
agglomérations du pays, amas de constructions en pierres volcaniques sombres.
Autour des maisons le terrain est morcelé : parc à bestiaux, vergers,
murs de cloture à demi éboulés, carrières abandonnées, tas de rocailles,
couvrent une superficie étendue sur laquelle la défense rapprochée est
très difficile. Tout autour, la plaine aride offre quelques champs de
tir. Le village est partiellement abandonné à l'arrivée du détachement.
Les maisons paraissent inoccupées et, bien que les habitants soient considérés
commme fidèles, ceux qui sont restés semblent inquiets, certains suspects.
Le Commandant KRATZERT décide de ne pas stationner dans le village, peu
sûr, étendu et aux abords indéfendables, et de l'encercler par une
ceinture de postes extérieurs (voir le plan). L'organisation adoptée est
la suivante :
-Le P.C (réduit numéro 1) Caracol à l'entrée du village sur la piste de
GHAZALÉ.
-La 18 Compagnie et 1 S.M à l'ouest, sur la piste de Saida (réduit numéro
2).
-La 19 Compagnie et 1 S.M au sud-ouest du village (réduit numéro 3).
-2 sections de la 29 Compagnie et 1 G.M à l'est, au sud de la piste de
Soueida (réduit numéro 4).
-2 sections de la 29 Compagnie et 1 G.M au nord-est (réduit numéro 5).
-Le 4 escadron/1REC dans une cour du village (réduit numéro 6).
Sans retard, la Légion élève les murettes et épaulements nécessaires à
la défense.
Dès le 15 à l'aube, les Druzes occupentent des hauteurs à 5 kms, à l'est
du village, sur la route de Soueida. Une reconnaissance du 4/1REC, appuyé
par une demi compagnie, en prend le contact et doit se replier après avoir
perdu un Maréchal des Logis tué et deux cavaliers blessés. Le 16 septembre,
les Druzes se rassemblent en grand nombre à l'est du village et, à la
tombée de la nuit, parvient le message suivant envoyé de Soueida assiégée
"5000 Druzes partent de Soueida, marchant sur Messifré"
La nuit tombe, obscure; rien n'est visible au delà de 50 mètres. Vers
2h45, sortant en reconnaissance du réduit numéro 5, le Lieutenant LACOUR
entend des bruits de voix et de chevaux; il donne l'alerte, une fusée
est lancée et fait découvrir d'innombrables cavaliers Druzes qui se sont
réunis aux abords mêmes des réduits en s'infiltrant silencieusement. Chacun
occupe aussitôt son poste de combat.
L'attaque se déclanche sans aucun délai; La cavalerie Druze se précipite
sur les réduits, s'écrase sur les murettes, met pied à terre, fait le
coup de feu et repart au galop. La fusillade fait rage :
-au réduit numéro 5, qui reçoit le premier choc, le groupe de mitrailleuses
perd un sous-officier (Sergent DORONZORO,Espagnol) et deux chefs de pièce
tués, de nombreux légionnaires sont tués ou blessés. Le Lieutenant LACOUR,
blessé lui-même, prend une pièce et mitraille l'ennemi.
La lutte dure ainsi, acharnée,jusqu'au jour; Du haut des maisons du village,
des habitants fusillent de dos les défenseurs des réduits. L'ennemi arrive
par moments jusqu'au corps à corps. L'Adjudant TESSIER est tué d'une balle
au front en dirigeant, à découvert,au-dessus de la murette, le tir de
sa section. Le Caporal GABREAU (Belge) est tué dans un corps à corps,
tuant lui-même son adversaire. Tous résistent avec la farouche détermination
et le mépris du danger qui sont de tradition à la Légion.
Le jour naissant,après un court répit, l'ennemi se rue de nouveau àl'assaut
au signal donné par une bannière agitée au centre du village. A pied,
à cheval, à chameau, les assaillants se précipitent sur les fortins, tentant
de s'infiltrer entre eux pour gagner l'intérieur du village. Le combat
le plus violent s'engage, poussé en plusieurs points jusqu'au corps à
corps.
A ce moment apparaissent des autos-mitrailleuses, parties de nuit de DERAA
et GHAZALÉ (pelotons de GASQUET,BAUCHER,DETZ) qui interviennent à coups
de mitrailleuses et de canon de 37. Les Druzes hésitent et refluent; le
poste du village et le réduit du Commandant contre-attaquent aussitôt
pour chasser les assaillants des terrasses du village. La situation se
rétablit, les différents réduits sont dégagés. Un peloton d'A.M repart
sur EZRAA chercher du secours, 2 pelotons restent pour appuyer la défense.
Les attaques des Druzes ne cessent guère jusqu'à 16 heures, prenant particulièrement
à partie le réduit du Chef de Bataillon. Torturés par la soif, car les
provisions d'eau sont inaccessibles dans le village, les légionnaires
les repoussent comme les précédentes.
La nuit va tomber quand une fusillade éclate à l'ouest. C'est le 16 Régiment
de Tirailleurs Tunisiens qui vient à la rescousse; Il fait ses premières
armes au Levant et, dès ce premier contact, le Lieutenant MARÉCHAL est
tué d'une balle en pleine poitrine. Mais l'élan du Régiment n'en est pas
ralenti, les Druzes épuisés par l'effort fourni se replient, Messifré
est délivré.
Le lendemain, dès l'aube, le 16 RTT nettoie le village à la grenade. Aucune
réaction de l'extérieur, le Druze a fui, à bout de forces et de munitions.
Dans ce combat, ou la Légion a su égaler ses anciens de
Camerone par sa ténacité inébranlable et sa résolution,
la garnison de Messifré perd un officier (Sous-Lieutenant Dupetit
du 4°/1REC), 4 sous-officiers (dont le Maréchal des Logis Primack,
Povolotsky, Schelmann) et 41 légionnaires (dont 16 cavaliers du
4°/1REC:
Légionnaires cavaliers : Fomine, Reinger.
Brigadiers : Francoli, Enine, Birck, Robes, Anine, Kostrukoff, Kolotiline,
Tschermenko,P avlovski, Corbatscheff, Novikoff, Wetasch, Krentz, Uscher.
On déplore parmi les blessés:
-4 officiers (dont trois du 4°/1REC), 1 sous-officier (Adjudant-Chef
Gazeau du 4°/1REC), 73 légionnaires blessés (dont 18
cavaliers du 4°/1REC parmi lesquels figurent le brigadier Khreschatitsky,
les légionnaires Jonsson, Rehausser, Rikanoff, Assessoff, Ferrer).
Le 16°R.T.T perd 1 officier et 4 tirailleurs
tués, ainsi que 14 blessés. L'équipage entier d'une
A.M est blessé. Mais l'ennemi laisse sur le terrain en s'enfuyant
250 cadavres. Ses pertes totales s'élèvent à 800
hommes tués ou blessés. Il abandonne une douzaine de bannières
et de nombreux fusils.
Le combat de Messifré vaudra au 4°/1REC
sa première citation à l'Ordre de l'Armée:
Ordre N°351 de l'Armée du Levant
:
Le 4°Escadron du 1°Régiment
Etranger de Cavalerie, sous les ordres du Capitaine Landriau, placé
à un poste avancé de la Colonne du Djebel Druze zt attaqué
le 17 septembre par un parti ennemi évalué à 3000
cavaliers et fantassins, a tenu bon contre les attaques poussées
à fond et jusqu'au corps à corps. A infligé aux Druses
des pertes cons!dérables et, après six heures de combat,
les a contraints à se replier en abandonnant sur le terrain plus
de 200 morts et laissant huit drapeaux entre nos mains.
Signé: Sarrail
La même citation viendra enrichir le
palmarés du 5/4°REI.
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