Les véhicules et engins du 1REC et des unités dérivées
Les chevaux, L'AM WHITE

                   
 

L'AM WHITE

Le premier engin de combat utilisé par le 1er régiment Etranger de Cavalerie a apparaître sur les documents est l’Automitrailleuse White.
Cet engin, qui date de la fin de la première guerre mondiale  ( approuvé le 25 août 1917) est une carrosserie de l’AM Ségur et Lorfeuvre, montée sur le châssis du camion américain White de 2t, dont 2000 sont alors en service en France.
Il y aura environ 230 exemplaires construits, en totalité ou en partie, par Renault. Il apparaît qu'en fait deux types de châssis aient été utilisés. Le TAB construit de 1915 à 1919 aux USA, et le TBC construits sous licence en France par Renault à partir de 1915 jusqu’en 1922. La différence principale se situe dans la largeur, ce qui entraîne par conséquent une différence de poids. Les deux types de véhicules seront simultanément au Régiment. 
Une des caractéristiques principales de l’engin est qu’il peut rouler presque indifféremment dans les deux sens. Il y a deux pilotes, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière. La restriction provient du fait que le poste arrière, ne possède pas toutes les comandes. Un ancien nous précise que la conduite depuis le poste arrière demande un doigté certain, les roues directrices se trouvant alors à l’arrière.

Ce principe d’inverseur est d’un avantage tactique évident pour un engin de reconnaissance, il sera d’ailleurs repris plus tard sur l’EBR.

Le moteur à 4 cylindres donne une puissance de 30/35 CV pour une cylindrée de 3,672 litres. Refroidis par eau. Boite de 4 vitesses avant et certainement 2 en arrière. Le réservoir de 1001 permet une autonomie de 250 Km sur route.

Selon le témoignage des anciens ( propos cité par JC Jauffret, auteur d’une thèse sur le 1er REC ) ce moteur est robuste quoique trop faible pour le poids du véhicule, et en raison du grand âge des TBC et TAB, il faut constamment surveiller le niveau d’huile.  

La voiture a une vitesse maximum sur route de 46 Km/h et de 12 à 20 Km/h sur piste, vitesse fort honorable pour l’époque. Dans les terrains difficiles du sud marocain, ce véhicule peut franchir 100Km par jour, hors pistes.

On peut noter qu’à l’origine les roues sont à rayons, pus tard apparaîtront des jantes pleines. Les pneus sont du type increvable «  Ducasble  », mais remplacés par des pneumatiques en 1925. on retrouvera plus tard des pneus increvables sur un dérivé de l’AM White. Les roues arrières sont doublées, elles seront simples sur la dernière évolution des AM White, la Laffly-Vincennes.

La tourelle bi-place et le reste de l’engin sont blindés à 8 mm.

L’armement consiste en un canon de 37 mm, modèle 1916, doté de 198 obus et d’une mitrailleuse Hotchnkiss montée en opposition avec 5500 cartouches. Une autre est en réserve à l’intérieur, et peut servire en tir anti-aérien, installée sur une fourche fixée à demeure à l’avant du véhicule.

Un sous-officier commande le véhicule. Il a sous ses ordres un conducteur de marche avant, un conducteur de marche arrière et un tireur au canon ou à la mitrailleuse. Pratiquement c'est le chef de voiture qui tire mais pour déplacer la tourelle, il faut s'aider des épaules et des mains. Malgré tout "elle fait de bons tirs" dit un ancien.

Comme tous les blindés de l'Armée d'Afrique, ces White, bien que mieux aérés que les chars (on trouve des chars Renault FT 17) souffrent d'un problème de surchauffe.

Cette AM sert de base à la Cavalerie jusqu'à l'été 1934. On la retrouve sous toutes les latitudes, en France, en Rhénanie, au Maroc, aux Régiments de Chasseurs d'Afrique et au 1REC, au Levant et même à Shangaï. Elle est maintenue en service jusqu'à épuisement des pièces de rechange. Son châssis d'origine étant périmé, elle est modernisée à partir de fin 1931 par le montage, sur 39 exemplaires, de la caisse d'origine sur un châssis neuf Laffly LC2 à moteur de 50 cv.(voir plus loin)
En septembre 1939, il existe encore 57 Whites sur châssis d'origine en AFN, ce qui en fait le blindé de la cavalerie le plus nombreux sur le théâtre.
Sa dernière utilisation opérationnelle se situe au Levant en 1941 au sein des 6ème et 7ème RCA.

A l'été 1934, (date d'une étude) les escadrons motorisés du REC ne sont plus dotés d'AM White, alors remplacées par les White Laffly. Les Laffly-Vincennes n'arrivant qu'en 1937.

Poids : 6,6t ou 5,9t Largeur : 2,10m
Longueur : 5,6m Hauteur : 2,75m

On peut rappeler que le premier escadron motorisé du 1REC fut le 6ème escadron (voir dossier "Photographies du 6ème escadron/1REC - 1929/1934").
Sur la demande du Maréchal Franchet-Desperey, inspecteur des Troupes de l'Afrique du Nord, le ministre de la guerre décide de former une unité motorisée à Béchar.
Cet élément pris le nom de "Détachement d'Automitrailleuses du Sud Oranais". Le premier peloton, sous les ordres du Lt Ducas, se forme à St Germain en Laye, avec des volontaires venus des escadrons d'AM des régiments de métropole.
Un peloton de combat sur AM White, et un peloton dit "de circonstance Panhard" arrivent à Colomb Béchard, le 1er février 1929.
Cet escadron passe successivement au 2ème Régiment de Saphis, puis au 28ème Escadron du Train. Enfin, le 1er août 1929, il devient 6ème escadron du 1REC.
Le même jour, le capitaine Tavernot forme à Bou-Dénib, le 5ème Escadron à 140 hommes et 155 chevaux.
Ce n'est qu'en septembre que le Lt Lennuyeux part pour Meknès pour y percevoir l'instruction automobile.
Le 5ème Escadron deviendra pleinement motorisé en décembre 1929. Il semble qu'au tout début il ne se compose que de "gros camions Berliet rescapés de la guerre de 1914".

Ces deux escadrons formeront le Groupe d'Escadrons Motorisé des Confins Algéro-Marocains.
Nous n'avons pas la composition exacte de ces escadrons à leur création, ils sont, nous dit le livre historique du Régiment, articulés de trois pelotons légers et un peloton lourd. Mais en 1934, le 5ème escadron possède sur ses 5 pelotons de combat, un peloton de trois voitures White-Laffly (successeur des AM White) et le 6ème en a 15, certainement en 5 pelotons de 3 voitures. En 1937 un seul peloton du 5ème escadron est équipé d'AM.
Peut-on conclure que le 5ème escadron fut un escadron motorisé plus qu'un escadron blindé? Nous n'avons pas encore les documents pouvant l'attester.

On peut rajouter qu'il a existé une voiture sans tourelle dite "White allégée". Rien ne dit qu'un tel engin fut en service au 1REC.


Références :
  - Les véhicules français blindés. Pierre Touzin
  - L'automobile sous l'uniforme. François Vauvillier
  - Nec Pluribus Impar. Képi Blanc
  - L'idée d'une division de Légion Étrangère, et le 1REC 1936, 1940. Jean-Charles Jauffret
  - Les chasseurs d'Afrique. Jacques Sicard, François Vauvillier
  - Témoignage de Mr Ventura.


Texte écrit par :
Monsieur François PELISSIER
10, chemin des Sablons
84830 SERIGNAN


AMC sortant d'un passage difficile dans l'Oued Tadra

Mr PELISSIER recherche tout document ( écrits, témoignages, photos) sur l'emploi des véhicules militaires au sein du 1er et 2ème REC.

 

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